Les Larmes D’Allah
Les contes, les légendes disent les portes, décrivent les chemins qui mènent à la lumière. Pourtant la souffrance coule toujours comme les rivières d’un désespoir sans solution et ce monde sans amour roule vers l’inévitable sans avoir ouvert la porte…
Quel langage comprendrons-nous ?
Comment laverons-nous nos corps pour naître de nouveau ?
Ceci n'est écrit nulle part si ce n’est au plus profond du cœur.
Ouvrez vos oreilles et entendez…
Il y a très, très longtemps, au début de l’humanité, Satan lança une malédiction :
Ton prochain n’aimeras pas
Ta vie rêveras
Hypocrisie cultiveras
Relation imagineras
Tu seras seul
Mourras sans âme
Sans amour
Sans lumière
Sans foi
Sans frère
Ni espoir
Pourtant une vieille légende de derrière les fagots nous raconte l’histoire de deux êtres que tout oppose. Ils s’aimèrent d’un amour invincible jusqu’aux portes du paradis.
Ce paradis qui existe sur terre et réconcilie tous les contraires et fait de chaque geste, chaque mot, chaque souffrance, une bénédiction vivante, vibrante d’amour.
Il y a bien des vies passées, quand il n’y avait
ni bruit, ni fumée, quand l’air avait l’odeur grisante de la vie, les
chants des oiseaux embaumaient les forets, les montagnes, les prairies vertes
comme l’émeraude, quand l’harmonie de la nature nourrissait chaque être
vivant et qu’aucun sang n’avait jamais coulé, naissait comme deux fleures
fragiles l’aube d’un amour qui changea bien des siècles après le cours de
l’humanité et son destin irréversible…
Les êtres vivaient au rythme protecteur de Dame
Nature. Ils utilisaient ses dons pour nourrire cette présence de vie qu’elle
accordait à chacun. La pensée, le
corps, le sentiment dansaient au chant des saisons et rien ne semblait altérer
cette majestueuse beauté essentielle.
Au flanc de la montagne, sur ses flancs protecteurs où
les cavernes, les plateaux faisaient office de maison, de terrains de jeux,
jouaient deux enfants. L’un s’appelait Raïta : ce qui voulait dire
fille du soleil. Son sourire angélique, son innocence lumineuse rayonnaient
comme un présent contagieux. L’autre s’appelait Amenossé. Cela signifiait :
naîtra du dedans. Ses yeux étaient le miroir d’un monde mystérieux, par
encore né mais qui étrangement rassuraient, appelait.
Ils étaient frère et sœur. Leur complicité, leur
joie de vivre arrêtaient le temps pour en faire l’éternité. Sans image, sans
mot, cet Eden des premiers âges durerait toujours. Et pourtant au-delà des
forets, dans les terres arides quand la vie devient épreuve, la première
guerre, la première fumée se leva jusqu’au ciel.
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Par delà les univers, les mots, les silences, les
douleurs, tout ce qui fait les mondes, le créateur uni-êtrique tout embrassant
réfléchissait à sa création :
« J’ai créé le monde, les galaxies, les étoiles
et les planètes, les êtres qui les habitent ; tout semble parfait.
Pourtant un facteur imprévu vient de se déclarer : le temps qui passe et
use. Le temps n’est pas une horloge qui trotte, ni un passé qu’on se
rappelle mais sa friction indépendante de toute chose existante finira par détruire
les paradis que j’ai crée ? »
Il se retira
et médita pendant longtemps puis il fit venir à lui ses deux
fils bien aimés et leur dit :
«Après mures réflexions et conformément à un
facteur indépendant de ma volonté, il se trouve que j’ai mis tous les êtres
vivants dans une situation qui semble irréversible. J’ai donc décidé ceci :
de rajouter à ma création un élément qui ne dépendra que d’eux et
qu’ils appelleront évolution. Je les ferais à mon image dans un devenir
possible par l’effort conscient et la souffrance volontaire. Vous, mes fils
bien aimés entre tous, voici la mission que je vous confie.
Toi grand Ra, serviteur de la lumière, je te demande
de leur apporter la soif d’être, le désir de la faire naître en soi, de
former à travers les âge des envoyés d’En-Haut qui leurs donnerons les
pratiques et les commandements adaptés à chaque temps, chaque race, chaque époque
et qui eux-même formeront des disciples afin que la tradition divine traverse
les âges et les temps.
Toi inimitable Belzébuth, je te confie la tâche
difficile et périlleuse de créer le doute, la remise en question, la
souffrance, la nuit, tout ce qui éloigne de ma lumière.
Je fais ceci car de la naissance du oui et du non, de
sa friction intense naîtra la soif inextinguible, le désir profond de renaître
par soi- même en cette troisième force sainte de conciliation que l’on
appellera la conscience de Soi, le rappel de Soi, Le Dieu vivant de l’intérieur,
l’Homme.
Qu’il en soit ainsi pour l’éternité... »
Il créa les lois conformes à cette évolution avec
tous les paramètres qui s’y rapportent puis étendit sa main sur les univers
et le vent de son amour infini les emporta sur les terres des hommes…
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Le nez rivé sur l’horizon de la vallée Raïta
observait cette fumée qui s’élevait dans les hauteurs et qui avec la brise
arrivait lentement jusqu'à la montagne. Son frère la serrait contre lui pour
la protéger de l’inattendu. Quelques anciens étaient rassemblés. Ils
avaient déjà vu ce phénomène lors des grands orages où la foudre enflamme
la foret balayant tout au passage.
Mais leurs oreilles de chasseurs avisés s’inquiétaient d’autre chose.
Derrière cette fumée, d’écho en écho, montait un murmure venant du même
endroit…
Les hommes avaient capturé le feu !
Le conseil des anciens se réunit à la tombé de la
nuit et le chef de la tribu prit aussitôt la parole :
« Depuis que nos yeux se sont ouverts nous
avons déjà vu plusieurs fois le feu, la foudre, tous les dangers qu’ils
entraînent, mais aujourd’hui nous devinons que les tribus des basses terres
ont pu le fabriquer, l’utiliser. Cette nuit le sorcier ferra parler les
oracles. Nous prendrons les décisions qui s’imposent pour le bien de tous »
Ayant entendu cela, les deux enfants espiègles se précipitent
entre les pierres pour observer la magie du Chaman. Les yeux écarquillés, ils
scrutent chacune de ses manipulations, chacun de ses mots magiques…
« Entrez, montrez-vous, écoutez ! Aucun
phénomène extérieur n’existe qui ne trouve son relatif intérieur. Au cœur
des hommes naîtra le feu, sa friction douloureuse pour le créer et toutes les
souffrances qui l’accompagnent. Ce ciel passera et ceux qui le suivront
aussi.. Les êtres ne trouveront pas le repos car ils chercheront dans leurs têtes
ce qui avait toujours été là dans le cœur. Vous mes enfants nées le même
jour, celui de la grande foudre aux saisons des pluies, vous chercherez l’étoile
qui ne meurt pas et vit au centre de notre galaxie intérieure. Par delà la vie
et la mort vous n’aurez de repos car la douleur sera votre chemin : votre
force. Maintenant filez ! »
Ils partirent en courrant, se disant que ce vieux fou
avait déjà passé plus de trente saisons chaudes, qu’il perdait l’esprit
et que personne ne comprendrait ce
qu’il dit.
Le lendemain une expédition se mit en route. Amenossé
en faisait fièrement partie.
A cette époque des premiers âges les hommes ne
connaissaient ni guerre, ni violence. Ils s’harmonisaient aux nécessités de
Dame Nature. Ils parlaient le langage des animaux et ne chassaient que par nécessité.
Quand ils croisaient d’autres tribus, c’était l’occasion de fêtes, de
cordiaux échanges. C’est dans cet esprit qu’ils partirent à la rencontre
des hommes des basses terres.
Seul le Sorcier savait ce qu’il allait se passer
que l’on ne pouvait empêcher. Sa vision englobait les siècles à venir. Il
connaissait cette sensation au creux du ventre : c’était ainsi.
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Oh Raïta ! Fille du soleil,
tu entends au fond de la vallée le cri de tes frères.
Ils chantent la mort qui les emporte.
Les larmes coulent sur tes joues.
Tu ne sais pas mais tu sens.
Tu ne vois pas mais tu sais.
Une fumée noire s’élève jusqu’au nuages
blancs.
Ta bouche hurle la douleur.
D’un cri muet,
Ta gorge se sert…
Ton cœur innocent s’arrête de battre.
La couronne d’un paradis que tu n’as jamais quitté
S’enfonce dans l’ombre de la douleur.
Tu frappes la terre.
Sanglots de malédiction
Brûlent ton corps
Tes entrailles…
Le feu t’envahit
Plus tranchant que la lance du sorcier.
Oh! mon frère,
Par delà la mort,
Les étoiles,
Les univers,
Les souffrances,
J’irais te chercher.
Jamais je ne mourrais.
Mes yeux sont devenus de glace.
Mon cœur de la pierre.
Ce feu qui m’habite
Ne connaîtra jamais le repos…
Les saisons qui suivirent Raïta et sa tribu prirent
les chemins nomades. Ils s’enfoncèrent de plus en plus dans les hautes
terres.
Les cheveux blonds de l’innocence étaient devenus
gris. Ses yeux rieurs d’enfant, creusés par les rides, brûlaient de douleur.
Elle avait entendu parler de Kissé le vieux Chaman qui connaissait les secrets
du temps, des étoiles, du cœur des hommes. Elle savait qu’elle le trouverait
la haut où l’air est pur comme l’eau des torrents. Mais bien des saisons
passèrent sans qu’elle puisse le rencontrer.
Au-delà des montagnes, les vallées d’émeraude
chantaient la promesse d’un monde meilleur qu’il fallait rejoindre.
« Où va-tu Raïta ? Que cherches-tu ? »
« Mais qui êtes vous qui connaissez mon nom ? »
« Je suis celui que tu cherchais dans ta colère
et que tu rencontre aux portes du renoncement »
« Tu es Kissé le sorcier ? »
« Ton cœur a quitté la haine et la douleur
qui t’habite ont trouvé la soif, viens nous partagerons le chemin qui ouvre
les portes ! »
Le vieux Chaman savait que le destin de cette enfant
serait sans égal. Que le temps était venu de la préparer : l’essentiel
devait être dit.
« Ma fille qui souffre au plus profond de ton cœur,
as-tu oublié la tendresse qui habite les anges ?
Avant de chercher la moitié de ton âme,
souviens-toi qui tu es ?
Qui cherche en toi ? Apaises ton corps fatigué,
rends le pareil à la nature, à ses harmonies magiques. Tes questions
deviendront force, tes réponses deviendront chemin »
Bien des saisons passées auprès de son vieux maître,
elle le porta au bûcher du grand départ.
Cette fumée qui avait été douleur de sa douleur
fit couler une larme sur sa joue. Du feu, de la souffrance était né l’espoir
d’un autre amour…
Elle se fondit dans la montagne. Quand cette larme
d’amour eut rejoint l’océan sans limite, son âme s’envola jusqu’aux étoiles…
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Les étoiles étaient là avant que nous naissions et serons là bien après. Certaines comme surgies du néant semblent plonger dans la terre. A peine nos yeux les ont-ils effleurées qu’elles ont disparue, laissant l’étrange souvenir de leurs traces dans nos mémoires profondes. Mais qui sont les dieux qui ont mis en route cette étrange danse et l’étonnement qu’elle procure ?